• Texte vingtième, "Harcèlement"

    15 mars 2017

    On t'a reléguée au rang de chose, d'objet. C'est ce qui a été sous-entendu. Par deux inconnus, à ton attention. Par deux inconnus à qui tu n'avais rien fait, rien demandé.
    Et tu t'abaisses à leur niveau. Tu acceptes sans mot dire leur jugement de valeur qui a pour toi autant de considération qu'un vulgaire objet sur lequel on s'épuise.
    Oui, tu les écoutes. Oui, tu les crains. Oui, tu en as peur. Par effroi, tu n'as même pas eu le courage de les affronter, ni même de te retourner. Aucun courage, aucune force, aucune réaction. Comme si tu consentais à leurs paroles, comme si ça ne te dérangeait pas d'être traitée de la sorte par des gens qui n'ont a priori aucune connaissance de toi. Et t'acceptes. Dans ce cas laisse-toi porter par ce genre de choses sans avoir le courage de passer au-dessus, jusqu'à ce que ces futilités te mènent à la mort. T'as perdu toute notion de force. Et il est là le problème, oui, le courage a désormais du mal à passer ta porte. Ta confiance en toi s'est évanouie dans le passé. Mais il n'est pas trop tard pour que tu la rattrapes, si tu réagis maintenant. Combien de temps n'oseras-tu plus sortir en ville sans être noyée parmi ton groupe d'amis ? Combien de temps encore paniqueras-tu quand tu seras seule en ville ? Combien de temps encore te méfieras-tu de chaque personne, ta personnalité à la frontière avec la paranoïa ?
    Je sais très bien que tu galères, que t'es influençable comme pas possible. On te répète de te reprendre, de "laisser couler, c'est des cons". Et à côté de ces belles paroles tu ne dors pas, tu doutes de toi, tu réfléchis à l'image que tu peux renvoyer. T'as peur que ça puisse recommencer, comme si une fois engageait un abonnement aux problèmes. Pas forcément Clara, pas forcément. T'es tombée sur des connards qui semblaient avoir plus de gueule que de couilles. Et de toute façon qu'est ce que tu comptes faire ? T'as pas de solution en tête. Pour toi c'est comme si c'était validé, tu es un objet, un animal à la rigueur, et pas plus, parce qu'on te l'a dit. Depuis quand tu te soucies de l'avis des autres ? Depuis quand tu considères comme constructive une critique qui n'était qu'une forme de méchanceté pure ?

    T'as peur de sortir seule. T'as peur de le revivre. Si tu le revis, t'auras peur de l'affronter.
    Si tu ne fais rien de plus, ta peur ne fera que de s'intensifier. T'auras beau envisager mille situations de représailles, de défense, de retour d'humiliation à son envoyeur, tu sais très bien que c'est toujours ta peur qui prendra le dessus au moment venu.
    "Emprisonnée."

     


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