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    Encore un texte à l’arrache, sans relecture, sans même avoir de réelle inspiration pour écrire. Aucune phrase préparée en tête. Juste la haine de moi-même qui souhaite s’envoler, la haine de ces jours qui se ressemblent une fois de plus. Je ne sortirai jamais de ces drogues. Jamais, jamais, jamais. Née pour ça. Je me revois à quatorze ou quinze ans, m’imaginant l’âge adulte comme un cap tellement lointain : « j’ai le temps, j’aurai arrêté d’ici-là ». A la Clara d’il y a cinq ans : non, tu n’auras pas arrêté.
    Sous prétexte que je suis moins « efficace » dans mes révisions sans substance. C’est faux. Trois cachets aujourd’hui et encore une journée à rien branler, repousser mes fiches, alterner une douce et agréable somnolence avec la culpabilité de ne pas travailler. Les démangeaisons que m’apportent cette merde et l’angoisse quotidienne de voir mon stock diminuer. Une incarcérante liberté. Le plaisir de la consommation mêlé au stress du « je vais devoir arrêter, un jour ». Incapable de faire ça. Si j’avais eu la force pour ça, je n’en serais pas là actuellement. Pas là à gribouiller des textes dégueu, le casque sur les oreilles, musiques déprimantes en fond pour rajouter une dose de pluie dans ma journée. J’aurais pu être une étudiante sérieuse, régulière, clean. En réalité, je ne suis que mensonge. Consommer pour travailler, consommer comme on triche. Encore une question de légitimité.  Je n’ai ma place nulle part. Et étrangement, je ne me plains pas de la situation.  Je ne demande pas d’aide. Je ne souhaite pas m’en sortir, en fait. Trop de bonheur dans ces petits cachets orangés. Un simple moyen d’échapper un peu à la longueur habituelle des journées, aux douleurs quotidiennes, sans pour autant m’empêcher quoi que ce soit.
    Je réviserai demain


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  • Peut-être égoïste de dire que les coups ne sont pas graves.
    On m'a donné des coups. Beaucoup. D'accord, ça fait chier, ça fait mal, ça fait des frais médicaux.
    Est-ce que je suis encore en vie ? Oui. Parce que les coups sont temporaires. Les traces sont temporaires.

    On m'a agressée, d'une nature totalement différente. Une approche psychologique, réfléchie, animale.
    Est-ce que je suis encore en vie ? Non.


    Parce que c'est cette violence sous-entendue, qu'on préfère ignorer, qui détruit.


    Et j'ai envie de m'insulter en écrivant ce texte de but en blanc, directement sur mon blog sans le préparer en amont, comme d'habitude. Des dizaines de femmes meurent sous les coups de leurs conjoints chaque année. Et j'écris ma peine et ma haine, utilisant un vocabulaire beaucoup trop maladroit qui minimiserait la violence conjugale. J'ai développé une phobie maladive de la violence, même lorsqu'elle ne touche que la fiction. Et pourtant, pas capable de m'exprimer.

    Pardon. Pardon d'avoir merdé. Pardon d'avoir été agressée. Pardon d'user de termes que je devrais garder dans le crâne. Pardon de toujours faire n'importe quoi


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  • 21.12.19
    15h56

      Je ne me suis jamais sentie légitime à me plaindre.

    Certaines ont été agressées des dizaines de fois, si ce n’est des centaines, parfois pendant des années. Certaines avec des violences physiques, prisonnières de relations malsaines avec des personnes dont elles étaient incapables de se séparer, par peur. Des agressions parfois quotidiennes, et ces filles sont restées dans le silence la plupart du temps. Guerrières. Soldats. Courageuses.


    Une fois. Incapable de rester debout sur mes deux pieds, après une seule fois. Un instant indéterminé dans l’espace de toute une vie. Légitimité face à celles qui ont subi ces horreurs un nombre incalculable de fois ? Aucune.


    Témoin du silence dans lequel je m’enferme. Me taire parce que « ce n’était qu’une fois ». Crier tout bas grâce à des écrits publics en espérant que la magie opère, qu’on me vienne en aide, sans même savoir ce que j’attends. Personne ne peut rien faire, même pas moi. Pas de preuve, pas d’agression. Rien n’a existé. J’aimerais que cette absence de preuves fonctionne sur mon cerveau, et me permette d’oublier. De me réapproprier le corps que j’ai, que je déteste, que je suis incapable de regarder longuement et que je ne cesse de maltraiter, insoutenable besoin d’extérioriser ma haine. Retrouver la confiance en moi que j’avais, avant. « Avant », quand je pensais qu’on m’écoutait quand je disais non. Estime de soi ? Volée. Corps ? Détruit. Relations ? Compliquées. Esprit ? En mille morceaux, tiraillée sans arrêt entre m’imputer la faute et écouter mon innocence.


    Tout ça pour ça. Tout ça pour quelques minutes, tandis que d’autres restent dans le silence après des années de violences.


    Je ne suis pas légitime.
    Une seule fois.


    Poussière 17 - "Il était une fois"

     


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  • 14.11.19

        Je vois mon corps comme si j'en étais extérieure. Je vois mon corps se faire violenter, et je suis incapable de réagir. Je vois cet homme massacrer mon corps en espérant toucher mon âme. Elle n'est plus là. Je vois ses mains frôler mon corps sans délicatesse, ses ongles rentrer dans ma peau tandis qu'il me maintient les épaules.
    J'ouvre les yeux pour échapper à ces cauchemars empreints de violence.

    La violence me terrorise.
    Je hais ce corps. Je ferais tout pour le changer, me débarrasser de cette enveloppe cassée et salie.
    Elle est collée à moi comme une punition, longue durée, réclusion à perpétuité dans ce corps qui n'est plus le mien.
    On a cherché à me faire croire que je ne suis pas la fautive. Pourquoi suis-je la seule à subir la sanction ? Pourquoi suis-je témoin au quotidien de son impunité ?
    Trop faible pour agir

    Poussière 16 - "Réclusion à perpétuité"

     


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