• Texte vingt-deuxième, "Iceberg"

    12.05.17

    A l l  t h e  w o r d s  l e f t  u n s p o k e n

    A l l  t h e  p a g e s  I  w r i t e

     

    J'ai voulu parler. Ce que je voulais, c'était parler comme on vomit. Cracher les mots pour m'en débarrasser, quitte à m'écorcher la gorge, à me brûler la langue.

    La nausée reste, sans que rien n'ait la force de sortir. J'ai mal, j'ai mal, je suis incapable de laisser les phrases franchir la barrière de mes lèvres. Comme des mots interdits, comme des mots que l'on laisse de côté, comme si les mots qui décrivaient l'horreur n'avaient pas le droit d'être prononcés.

    Sans pour autant laisser tomber, j'ai réfléchi. Je me suis dit que ce qui ne voulait pas quitter mon corps était peut-être destiné à y rester. Alors je vis avec ça comme avec une maladie incurable. On la garde, parfois on l'oublie, on n'y pense plus, mais on sait quelque part au fond de nous qu'elle est là, qu'elle ne nous abandonne pas. Jamais.

    Et tout cela, ça colle à la peau sans s'en aller, malgré les bains, le gel douche, le savon de Marseille, même si on frotte jusqu'à ce que ça fasse mal, ça reste, comme de la crasse incrustée. Ça ne partira jamais. Plus jamais. Comme une maladie, la victime est choisie au hasard. Elle n'a rien demandé, mais les circonstances ont fait que les virus se sont accrochés, se sont multipliés, sont restés, ont envahi tellement de terrain qu'il est impossible de faire quelque chose désormais.

    Accepter.

    Accepter que les mots ne sortiront jamais. Accepter que le mal se noie en soi. Accepter d'aller mal, accepter de se traîner comme ça, et accepter d'accepter.

     

    L'iceberg. C'est beau, un iceberg. Inspirant. Poétique.

    C'est cela. Les mots que je veux, c'est pour illuminer la partie immergée de l'iceberg. Il n'y a que moi qui la vois et que moi qui sois apte à la décrire.

    J'ai déjà dessiné dans l'esprit de certains la partie visible. J'ai déjà réussi à mettre des mots. J'ai épuisé mon stock de forces maintenant.

    Et pourtant, c'est le moment ou jamais d'abuser, d'user les mots, de les faire sortir.

    Je n'arrive plus à écrire

    Les mots se bousculent

    Les larmes envahissent mes yeux

    C'est encore raté

    Je me noierai dans ma peine encore ce soir

    Sans que les phrases n'aient pu s'enchaîner


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