• Lettre sixième

    *****, le 08.12.2015

     

    Alex, 

     Encore une lettre pour toi. Je suis fatiguée de t'écrire sans cesse, mais je n'arrive pas à m'en empêcher.

    On est le huit décembre. Dans trois jours, cela fera sept mois. Ta mort fêtera son anniversaire.

    Je ne sais pas comment je dois réagir. Chaque mois, réaliser le temps qui passe, et qui est déjà passé me fait mal.

    Beaucoup (trop) de gens ont disparu cette année. Je ne sais pas si c'est une impression, ou si depuis toi, je comprends l'emprise de la Mort sur la vie.

    Certains en ont été simples victimes, et d'autres comme toi l'ont provoquée sans aucune peur, sans aucun regret, juste dans l'oubli et la volonté de tout abandonner.

    J'essaie de vous comprendre. Est ce que la mort vaut mieux que la souffrance ? Je ne sais pas. Et je n'arrive pas à donner une réponse.

    De ton point de vue, je sais. Mais les avis sont trop partagés, et je n'arrive pas à donner une opinion  assez subjective. Tout est compliqué en ce moment…

    J'ai recommencé à me couper récemment, pour extérioriser ma douleur. Le problème est que pour moi, que cela est devenu presque naturel et banal. J'oublie donc parfois de le cacher… à l'instant où je t'écris, une amie vient d'apercevoir mes cicatrices. Elle m'a posé des questions, auxquelles je n'ai pas su répondre. Cela m'a terriblement rappelé tes mots, lorsque j'ai commencé cette merde… Je sais, il faut que j'arrête. Mais la motivation et l'espoir ont disparu, je crois…

     Tu me manques cruellement, Alex. Sans toi, mes appels au secours ne servent à rien. Personne ne les remarque.

     Tout me manque chez toi. Ta bonne humeur en premier lieu… La vie et le quotidien sont devenus très ternes depuis ton départ. Des gens sont là autour de moi, comme des éclats de lumière dans le sombre tunnel du deuil. Mais ceux-ci ne suffisent malheureusement pas… Je n'ai pas assez de force et de courage pour avancer sans toi aujourd'hui. Bientôt sept mois et mes ressources vitales de survie s'épuisent peu à peu, jusqu'à ne plus rien laisser.

    Je suis fatiguée. Fatiguée d'essayer de comprendre, fatiguée de me souvenir tant bien que mal du temps d'Avant, fatiguée de subir ton absence chaque jour.

    Mais je t'aime toujours mon Alex, je n'oublie rien, et quitte à m'en éteindre, je ne laisserai jamais s'effacer ce que j'ai connu de toi.

     

     

     Ta Asylia


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