• Texte vingt-septième, "Promesses"

    18/10/17
    12h57


    Et un jour, j’ai croisé son regard. Une fraction de seconde, bien en face, et j’ai compris. J’ai lu le reflet de ma vie dans ses yeux foncés, sans même m’y attendre.
    Une fois de plus, j’ai compris que je ne l’aurai jamais. Quelqu’un de trop bien pour moi, que je ne mérite pas.
    Inutile de me le cacher. Je sais très bien ce qui va se passer. Ça ne fonctionnera pas, comme à chaque fois. Comme à chaque fois, je me prendrai un mur en plein visage, je dirai que je n’ai pas mal, et dès que je serai seule, je laisserai les larmes de douleur s’échapper comme l’eau des écluses.

    « I knew your heart was plastic. » Fausseté. Mensonges. Hypocrisie. C’est l’image que je suis parvenue à bâtir de moi, depuis que ces drogues sont entrées dans ma vie. Décadence et peur, c’est ce que je ressens lorsque je rencontre quelqu’un de nouveau. Qui voudrait d’une droguée ou même d’une ex-droguée qui sait très bien qu’elle peut retomber à tout moment ? J’ai brisé des gens, j’ai fait du mal à ma propre famille, j’ai perdu celle que j’aimais, j’ai brûlé mes organes un à un sans même vouloir m’en rendre compte, j’ai flirté avec la mort sans en avertir personne, bien des soirs j’ai hésité à m’endormir par peur de ne plus voir la lumière du soleil suivant. Et bien des matins je me suis réveillée à la fois soulagée et déçue de devoir une journée de plus me noyer dans des gélules et des cachets pour ne pas subir ces émotions physiques que je ne supportais plus. Les tremblements, l’irritabilité, les nausées, l’insomnie, la gorge sèche, et très simplement cette indescriptible sensation de manque. Ces merdes ont détruit ma vie et même si je sais que je suis sur la bonne voie, la voie de la sortie, la voie de la résurrection, cette autodestruction a achevé l’effacement des derniers espoirs que j’avais de faire quelque chose de bien avec ma vie. S’annoncent alors à moi d’interminables années à devoir forcer sans arrêt le destin, relativiser, accepter l’impossible et ne pas essayer ce qui ne peut qu’échouer.

    Une vision que j’ai depuis six bons mois. Et désormais j’ai décidé de me trahir, d’arrêter de voir encore si longtemps le monde avec ces yeux brouillés par des larmes d’insomnie, d’arrêter d’accepter de me rabaisser sans arrêt. Je décide de vivre une nouvelle fois, de tout recommencer, de laisser derrière moi les conneries que j’ai faites avec tant d’ardeur et dont je suis si peu fière. Je fuis cette ancienne vie, et ce mois d’octobre marquera le début d’une existence nouvelle. Quatre mois ont passé, quatre mois à pouvoir ne plus me considérer comme dépendante, quatre mois et quelques accrochages, quatre mois et quelques accrochages dont je me suis relevée avec un courage que je ne soupçonnais même pas.

    Une part de vie que j’ai vue se refléter dans un regard. Un regard qui me permet deux promesses.
    Aujourd’hui, j’ai réussi à promettre que j’arrête de perdre espoir. Aujourd’hui, j’ai réussi à me promettre que les drogues n’auront jamais ma peau.
     

     

    « Si vous croisez mon ex-moi, vous pouvez l’étrangler, lui jeter des pierres, le piétiner ; mais surtout pas l’réveiller, j’veux plus l’voir, j’veux pas croire, qu’il ait pu exister »

     

     

     

     


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