• Texte trentième, "Un jet d'essence pour attiser le feu"

    20.03.18

    Et il y a cette sensation de fatigue, d'épuisement, d'accablement total. Des nuits courtes, animées et difficiles.
    Le moindre de mes mouvements est lesté par les symptômes du manque. J'ai sans arrêt envie d'abandonner, mais toujours cette volonté d'être fière de moi.
    N'importe quel cachet ou substance calmerait ma panique actuelle et me permettrait de passer la nuit de manière supportable. Je me sens vide et faible. J'ai chaud. J'ai envie de pleurer. J'étouffe. J'ai besoin de quelque chose.
    Insatisfaction. Angoisse, peur, terreur. L'envie de s'en sortir confrontée à mon amour des effets des drogues. J'ai eu tous les espoirs et bientôt cinq ans plus tard, m'en voilà toujours au même point. Jamais satisfaite de moi-même. Jamais de regard positif sur le chemin parcouru. Jamais assez de force pour m'extraire de tout ça. Simplement une constante sensation de perdre pied, de décadence, d'effondrement contre lequel je ne peux pas lutter.
    Et je me noie dans l'envie de vivre libre, loin de la dépendance. Je cherche cette capacité à apprécier le souvenir, la drogue de loin, être apte à la regarder sans l'avaler, à ne plus choisir cette solution de facilité à la moindre embûche, à ne plus considérer les effets comme une réponse à mes insomnies.
    Je suis en manque. Je déteste l'admettre. Je déteste ce mot. J'ai froid. Une ébauche de bipolarité en moi. L'impression d'avoir faim subordonnée à la nausée si caractéristique de l'état de manque. Et puis ces jambes qui tremblent tellement, que ne ferais-je pas pour calmer les nerfs affolés ?
    Il y a aussi ce fameux mal de crâne, que je ne peux soulager. Prendre un seul cachet de quoi que ce soit serait de la provocation. Un jet d'essence pour attiser le feu. Impuissante.


    Et en réalité, ma volonté est un mensonge. Je n'ai pas envie de changer. Je n'ai pas envie d'en sortir, pas envie de quitter ces sensations que j'ai tant appris à aimer. Je sais que ça ne marchera pas. Je sais que je n'aurai pas l'énergie pour le faire. Et je me berce d'illusions en me disant que peut-être qu'y croire suffira à m'éloigner de tout ça.
    Trop atterrée pour faire les efforts.
    Trop fragile pour m'en sortir.

     


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