• Texte sixième, "Incompréhension"

    13.11.15

     

    Je ne comprends pas. Pourquoi ce sentiment d'effroi et de sursaut lorsque je le vois ? Je me pose encore et toujours la question.
    Qu'est ce que je ressens pour lui ? Une forme d'empathie faible, c'est certain. Mais que dire de plus ? Pourquoi cette peur et ce… Cet étonnement ? Je peine à définir mes émotions.
    Je l'apprécie, c'est certain. Mais c'est ce bond que fait mon cœur lorsque je le vois qui m'inquiète, qui me fait envisager que je ressens plus que ce que je crois pour lui. Je trouve ça tellement idiot et tellement effrayant à dire, mais j'ai peur de devoir m'avouer que je… Un peu d'amour pour lui ? Je refuse de me l'avouer, c'est maladif, j'ai peur de devoir accepter une telle réalité parce que je l'ai déjà vécue, je sais ce que je risque. J'ai aimé, j'ai souffert, j'ai été trahie, j'ai attendu, j'ai accepté, j'ai eu mal, j'ai gardé des cicatrices à vie, mais après plusieurs mois de convalescence je suis guérie.
    Et je suis en train de retomber malade.
    Cette maladie qu'on appelle l'Amour, qu'on n'oublie pas, qui nous prend tout notre temps, qui nous empêche de dormir, de penser, qui nous rendrait presque paranoïaque et jaloux, cette maladie qu'on néglige parce qu'elle arrive à presque tout le monde, qu'on néglige parce que chaque cas est différent.
    J'aurais tellement aimé ne jamais revivre cette émotion, ce sentiment qu'on considère pourtant comme le plus beau ! Je ne dis pas que j'aimerais souffrir, je voudrais juste y être indifférente. Être indifférente et ne pas culpabiliser, ne penser à rien, à rien du tout.
    Être indifférente pour tout oublier.
    Ne pas avoir de sentiments ni d'émotions.
    Vivre, ou plutôt exister. Vivre sans être là. Vivre sans profiter. Vivre sans penser.

    Je crois vouloir oublier. Vouloir oublier ce que j'ai vécu avec Alex, tout ce que j'ai dit, ce que j'ai appris. Oublier, et recommencer.
    J'aimerais savoir ce que ça fait de ressentir quelque chose sans savoir le nommer. Cela doit faire peur. En quinze ans, j'ai tout appris. La peur, l'angoisse, l'amour, l'ennui, le déni, la mort, le deuil, l'Absence. Et voilà que j'aimerais retourner au commencement, juste à cause de lui, à cause d'un sentiment qui m'effraie.
    Est-ce vraiment le sentiment qui m'effraie, ou plutôt l'homme qui en est la genèse ? Bonne question.
    Il a quelque chose d'inquiétant, j'en suis convaincue et n'en démordrai pas. Jamais. Alors pourquoi l'apprécie-je ? J'ai l'impression de revenir à la base de mon raisonnement. Et même avant, d'ailleurs. Plus le Temps passe et plus je me pose de questions qui restent sans réponses.
    Encore une fois, rien de va m'aider, mais laisser couler un peu de Temps pourra peut-être clarifier une partie de ma situation ?
    Le Temps. Allégorie, le sablier ou la montre. J'utilise souvent ce mot. Je mise beaucoup sur le Temps. Je suis convaincue de ses bienfaits. Et pourtant, le Temps a été loin de m'aider les deux dernières années. Le Temps sépare les amis. Le Temps efface les souvenirs. Le Temps fait des victimes incurables.
    Et pourtant je continue d'espérer que le Temps est un allié. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je suis consciente que le Temps me hait, qu'il me fera du mal jusqu'au dernier jour, jusqu'au bout.
    Alex a été une victime du Temps. Il pensait que le Temps le ferait aller mieux. Il a attendu, attendu, attendu, sans résultat, et a fini par lâcher prise et tout laisser tomber.
    Il m'a fallu six mois pour comprendre ça. Pour comprendre son geste, et les raisons de celui-ci.
    Six mois.

     

    Texte sixième, "Incompréhension"


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :