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Poussière 2 - À la ligne
01.04.17
La présence de cette douleur
Pas celle qu'on masque à grands coups de Doliprane ou d'Efferalgan, non
La douleur qui mine le moral
qui empêchera de sourire, de dormir
la douleur toujours présente dans le jour et la nuit
la douleur qui fait pleurer sans même savoir pourquoi
la douleur qui n'est pas localisée
la douleur qui se propage dans le corps au fil des heures.
Cette souffrance c'est celle qui fait palpiter le cœur
qui met des barrières à tous les coins de rue jusqu'à emprisonner sa victime dans trois mètres carrés
Cette souffrance, c'est celle qui rend jaloux
Pourquoi soi et pas les autres
Pourquoi eux sourient, rigolent, sont des gens normaux
Parce qu'elle est là la vraie interrogation
Le « je » doit bien avoir un problème
Pourquoi eux ne se posent pas de questions
Pourquoi eux ne se sont jamais demandés s'ils ne sont pas fous, trop gentils, trop méchants, trop naïfs, trop cruels, trop différents de la masse
Pourquoi eux ne se font pas remarquer dans la rue
pourquoi eux ne se sentent pas blessés quand on leur adresse la parole
pourquoi eux n'ont pas cette impression de ne pas exister
pourquoi eux parviennent à faire confiance
pourquoi les autres leur font confiance, à eux
Pourquoi « je » n'a pas le droit à cette chance
Toujours à cause de cette souffrance qui imitera une éclipse pour ombrager le bonheur
Pourquoi quand quelqu'un fait un compliment cette envie de le contredire
d'avouer que c'est des conneries, qu'il n'a aucune connaissance
Pourquoi se tuer à répéter à tout le monde ce manque de mérite
de courage
de force physique
de force psychologique
Être là sans être là
Exister sans vivre
Parler sans conviction
Faire semblant d'écouter ceux qui parlent
Se terrer au fond du lit pour éviter la vie
Penser aux dangers que sont les autres
Étouffer les pensées positives
Essayer de retrouver confiance
Essayer de ne plus pleurer
Essayer de ne plus se rabaisser, absence de valeur
Peur de l'échec
peur d'aller vers les autres
peur du rejet
peur des gens
peur d'être seule
peur de ne pas savoir réagir en cas d'agression
peur de ne pas pouvoir être libre
peur d'être trop libre
peur d'être trop au milieu, peur de ne pas avoir de personnalité
peur d'être aussi fade qu'un mur blanc.
peur de donner une image erronnée
Peur de ne plus avoir personne pour promettre que « ça va aller »
Peur de devoir tout laisser tomber sans raison valable, peur d'être effrayée par la pente à remonter
Et un jour fini la douleur
fini les sourires menteurs
fini les pleurs stériles
fini d'espérer une réalité fertile
Fini de subir la vie
Fini les « amis »
Fini d'affronter chaque jour comme une montagne
Fini tout ce bagne
Fini les objections, les costards-cravates dans les rues, les moutons identiques, les éparpillés qui ne savent pas à se ranger, les « trop ceci, trop cela », fini les tabous
fini tout
Fini d'écouter les autres sans pouvoir rien prononcer
Fini d'exister
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Commentaires
On ne guérit pas de la vie - on finit par s'y habituer plus ou moins c'est tout. Je te souhaite de ne jamais t'y habituer...
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sourire en partage...