• Dimanche

    Dimanche, neuf heures. Pharmacie pour obtenir mon Subutex de la journée. On m'en donne 8 milligrammes aujourd'hui, dans le but d'arriver à 2 milligrammes à la fin de la semaine, pour que je finisse mon sevrage seule chez moi. Je prends le cachet et le laisse fondre sous ma langue. C'est dégueulasse.
    Le psychiatre me croise et demande à me voir. Je m'assois face au bureau. Il me pose des questions banales, puis cherche à savoir pourquoi j'ai commencé à me droguer. Je n'en sais rien. Je ne réponds pas. Je lui dis que je ne sais pas. S'ensuivent vingt bonnes minutes de silence.
    Il m'a libérée, en disant qu'il veut me revoir demain. Grand bien lui fasse.
    Je vais me recoucher. Les nuits ici ne sont pas reposantes et la plupart des autres patients dorment la journée. Je m'adapte. De toute façon, sans téléphone, sans accès internet, sans le moindre contact avec l'extérieur, je n'ai pas grand-chose d'autre à faire.
    Quinze heures environ. Je me réveille la langue pâteuse, les mains tremblantes et le corps en sueur. Je sais ce que ça veut dire. Qu'il est temps d'aller réclamer une dose de quelque chose avant de faire une crise. La politesse fera une part, ma pâleur et mes tremblements feront le reste.

    Calmée. Je rejoins le salon où Charlie et Emma jouent au Scrabble. Arrivée ici pour jouer au Scrabble, vraiment. Triste. Je me joins à elles. On discute encore de nos vies. On n'a que ça à faire, de toute façon.
    Vingt-et-une heures, l'animation débute ici. Tout le monde est levé et le repas est distribué, dans des assiettes en carton bouilli, avec des couverts en carton aussi. Comme en prison, oui. Sûrement leur peur que l'on se blesse.
    L'équipe médicale nous surveille. Perpétuellement. Et s'ils ne sont pas là physiquement, les caméras prennent le relais. On ne peut pas grailler tranquille, on ne peut pas dormir tranquille, on ne peut pas essayer de vivre tranquille.
    C'est angoissant. Tellement que je n'arrive pas à manger. Rien, depuis que je suis arrivée. Rien à foutre. Je ne ressens plus la faim. Hier, les médecins ont dit que c'était normal. Aujourd'hui, ils ont dit que je faisais un caprice. Lol.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :