• 20.02.17

    Le temps passe.

       Ces quatre années ont eu raison de moi, je crois. Ces quatre années m’ont entièrement minée, m’ont découragée, m’ont fait perdre toute once de confiance. Ce que je vais faire maintenant ? Trouver la rage de vaincre. Transformer cette haine de mon passé en une force pour l’avenir. Me dire que je suis sur la bonne voie, même si j’en doute parfois.

      Souviens du début, quand tu te disais « je gère, j’arrête quand je veux » alors que tu savais pertinemment qu’il était déjà bien trop tard. Souviens-toi de l’époque où tes crises de manque étaient quotidiennes. Souviens-toi de l’époque où un seul et unique jour sans médicaments te semblait littéralement impossible. Souviens-toi de ta sensation de condamnation quotidienne, ta privation de liberté, la cage dans laquelle tu t’étais enfermée toute seule. Souviens-toi du mutisme dans lequel tu te noyais, par peur du jugement, par peur de décevoir, par honte, par angoisse de voir la vérité en face. Souviens-toi de tes pleurs la nuit, lorsque tu pensais que tu n’y arriverais jamais.

      Et regarde où tu en es aujourd’hui. Tu es capable d’en parler. Tu mets des mots sur ce que tu vis devant tes proches, pas seulement des inconnus du monde entier en postant des textes déglingués sur internet. Tu apprends à relativiser. Tu as envie d’en sortir. Tu as envie de passer de cette dépendance active à un simple souvenir. Tu prends enfin conscience que ça ne pourra pas durer, que tu mets toute ta vie en jeu. Réagis.


      Les mots n’existent pas pour décrire l’attachement profond que je ressens pour ces drogues. Réellement. Une relation spécifique, que je ne saurais pas expliquer avec de simples termes. C’est fort, c’est violent, je me sens soutenue et invincible. Indépendante de toute personne. Des bêtises. Des mensonges à moi-même. Des convictions inutiles auxquelles moi-même je ne croyais pas, au fond. Un refuge avec pour destinée le cimetière, je le savais, je le sais encore et je le saurai toujours. Pour comprendre, il faut le vivre. Ou l’avoir vécu. Et pourtant, je ne le souhaite à personne. Jamais. Je ne souhaite la dépendance à personne. Même à ceux qui m’y ont menée.

      Personne ne t’a poussée à tomber là-dedans. Personne. Certains ont joué, c’est vrai, mais aucun ne t’a incité à te jeter dans une telle merde tête la première. Comme on te disait quand tu étais enfant : « Tu n’as pas eu besoin d’aide pour faire le bordel, tu n’as donc pas besoin d’aide pour ranger ». Tu auras besoin de bras pour te rattraper si tu tombes, mais le plus gros du travail doit venir de toi. Tu le sais.

      Une opportunité s’offre à toi pour remettre ta vie en ordre, te séparer de toute cette illusion qui t’a fait croire au bonheur pendant quatre ans. Et t’es prête à laisser passer ta chance parce que « au bout d’autant de temps, tu n’es plus à ça près » ? Tu mérites des claques.

      Tu as changé d’état d’esprit. Tu n’es plus dans l’idée « ça ne fonctionnera jamais, j’y suis j’y reste ». Non. Tu n’es plus comme ça. Est-ce que ça signifie que tu es prête ? À toi de le dire.

      Aurai-je des regrets ? Aurai-je l’impression de laisser une partie de moi ? Oui. Je le sais. Je m’y prépare, et j’y arriverai. J’ai fait du mal à des gens que j’aimais, j’ai détruit mon organisme, j’ai menti à des personnes qui m’étaient chères.
    C’est terminé. Honnêteté et résistance seront les maîtres mots de ce que je nomme « ma vie d’après ». Je ne baisserai plus jamais la tête, les bras ou même les yeux. Abstraction du passé pour se concentrer sur l’avenir, sur les projets que j’ai, sur ce que je veux devenir. On s’en fout des risques d’échec. S’il faut que ça foire une fois, deux fois, dix fois, ça se passera comme ça. Mais je lutterai encore et encore jusqu’à en venir à bout.
    Plus jamais je ne baisserai les armes.

      Tu as fait le bon choix. Tu as appris à t’entourer des bonnes personnes. De ceux qui croient en toi, qui savent que tu y arriveras tôt ou tard. Tu n’as plus qu’à croire en toi désormais.

     

    Texte vingt-neuvième, "Aurai-je des regrets ?"


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