• 15 mai 2017 – 12h09

     

    Tu ne vis plus dans le monde d'illusions qu'a été ton enfance. Tu n'y retourneras plus jamais.

    Il faut que tu acceptes l'idée, tout ça, c'est terminé. Ton univers, il n'y a rien de plus réel que lui. Et ta douleur aussi, elle est là, elle reste, elle existe même si tu n'arrives pas à la matérialiser. T'as pas besoin de toutes ces traces sur tes bras, de tes nuits sans sommeil, pour comprendre que t'as mal. Ils ont brisé quelque chose à l'intérieur de toi, et au lieu d'essayer de réparer, tu laisses la brèche s'agrandir encore et encore. Tu n'as pas eu l'énergie pour faire les efforts nécessaires ? Tu l'auras un jour. Arrête de penser de travers. Tu culpabilises de n'avoir pas su te défendre ? Tu n'es pas entrée dans leur jeu. Tu passes ton temps à voir le verre à moitié vide ; ça ne t'amènera NULLE PART, si ce n'est à te débattre toute ta vie contre la douleur du désespoir. Y'aura plus personne pour te tenir la main, plus personne pour te rattraper si tu tombes.
    Leurs paroles, c'était comme des poignards, lancés depuis les deux mètres qui te séparaient d'eux. Leurs mains, c'étaient des haches. Qui ont tout brisé, tout déchiqueté, avec une proximité dérangeante à en vomir. Juste la distance nécessaire pour que l'arme prenne de l'élan, sectionne mieux et plus.

    Et maintenant, il y a les larmes et les mots que tu gardes pour toi. Pleurer, seulement quand tu es seule avec toi-même. Mais les mots ? Jamais. Seule face à ta feuille, à quelqu'un, intégrée à un groupe, jamais tu ne parles de ça. Tu dis vouloir occulter cet épisode, oublier, ne pas le matérialiser par des phrases. Et tu te noies dans ton âme chamboulée incapable de s'exprimer, seule contre tous, t'es là et tu regardes le monde se statufier autour de toi, autour de ta peine, ton angoisse et ta honte. D'accord, tu ne veux pas te forcer à parler, c'est trop tôt. Mais combien de temps encore t'abandonneras-tu à ce qu'il t'ont fait subir ?
     

    Réfléchis bien. Les mots seront ta seule remise de peine.

    Texte vingt-troisième, "Remise de peine"


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  • 12.05.17

    A l l  t h e  w o r d s  l e f t  u n s p o k e n

    A l l  t h e  p a g e s  I  w r i t e

     

    J'ai voulu parler. Ce que je voulais, c'était parler comme on vomit. Cracher les mots pour m'en débarrasser, quitte à m'écorcher la gorge, à me brûler la langue.

    La nausée reste, sans que rien n'ait la force de sortir. J'ai mal, j'ai mal, je suis incapable de laisser les phrases franchir la barrière de mes lèvres. Comme des mots interdits, comme des mots que l'on laisse de côté, comme si les mots qui décrivaient l'horreur n'avaient pas le droit d'être prononcés.

    Sans pour autant laisser tomber, j'ai réfléchi. Je me suis dit que ce qui ne voulait pas quitter mon corps était peut-être destiné à y rester. Alors je vis avec ça comme avec une maladie incurable. On la garde, parfois on l'oublie, on n'y pense plus, mais on sait quelque part au fond de nous qu'elle est là, qu'elle ne nous abandonne pas. Jamais.

    Et tout cela, ça colle à la peau sans s'en aller, malgré les bains, le gel douche, le savon de Marseille, même si on frotte jusqu'à ce que ça fasse mal, ça reste, comme de la crasse incrustée. Ça ne partira jamais. Plus jamais. Comme une maladie, la victime est choisie au hasard. Elle n'a rien demandé, mais les circonstances ont fait que les virus se sont accrochés, se sont multipliés, sont restés, ont envahi tellement de terrain qu'il est impossible de faire quelque chose désormais.

    Accepter.

    Accepter que les mots ne sortiront jamais. Accepter que le mal se noie en soi. Accepter d'aller mal, accepter de se traîner comme ça, et accepter d'accepter.

     

    L'iceberg. C'est beau, un iceberg. Inspirant. Poétique.

    C'est cela. Les mots que je veux, c'est pour illuminer la partie immergée de l'iceberg. Il n'y a que moi qui la vois et que moi qui sois apte à la décrire.

    J'ai déjà dessiné dans l'esprit de certains la partie visible. J'ai déjà réussi à mettre des mots. J'ai épuisé mon stock de forces maintenant.

    Et pourtant, c'est le moment ou jamais d'abuser, d'user les mots, de les faire sortir.

    Je n'arrive plus à écrire

    Les mots se bousculent

    Les larmes envahissent mes yeux

    C'est encore raté

    Je me noierai dans ma peine encore ce soir

    Sans que les phrases n'aient pu s'enchaîner


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  • Lundi 08 mai 2017
    20h16


    J'voudrais tellement parler, hurler toute l'histoire, leur dire ce qu'il s'est vraiment passé, au lieu de rester là comme une conne à décrire seulement la partie visible de l'iceberg, j'voudrais décrire ma souffrance, la crasse sur mon corps, la saleté de leurs mots, leur violence, j'voudrais crier, les insulter, leur faire comprendre ce qu'ils refusent de voir en face. J'voudrais qu'on m'aide à laver leur cruauté incrustée dans ma peau désormais, j'voudrais qu'on me frotte les cuisses avec de l'eau de Javel et le côté vert d'une éponge pour tout arracher et ne plus voir tout ça chaque fois que je vais prendre une douche. J'voudrais qu'on me dise ce que j'ai fait, j'voudrais comprendre en quoi c'est ma faute, j'voudrais savoir si j'en fais tout un cake, peut-être que finalement non ce n'est rien de grave, j'en sais rien, j'voudrais qu'on me dise si je suis vraiment la victime là-dedans. J'voudrais dormir la nuit sans somnifère, sans me retourner dans mon lit pendant des heures en repensant à la scène, j'voudrais pouvoir porter les vêtements que je veux sans me sentir coupable si je ne suis pas entièrement couverte. J'voudrais qu'on me dise que les connards dans l'histoire c'est eux. J'voudrais qu'on me dise que ça ne se reproduira plus jamais, mais personne n'en est certain. J'voudrais pleurer devant les autres, j'voudrais que mes larmes révèlent la vérité à elles seules, j'voudrais ne pas avoir à parler, ne pas ouvrir la bouche, laisser les autres deviner, j'suis incapable de mettre des mots là-dessus, il me semble qu'il y a un terme pour ça mais j'peux pas l'utiliser, y'a des victimes qui ont subi bien pire que moi qui peuvent l'utiliser, ce mot. Moi pas. J'me plains tout le temps de toute façon, j'ai qu'à la fermer, occulter cet épisode, taire ce sujet pour toujours, garder ma peine pour moi.
    Mais j'veux juste hurler. Sans savoir quoi dire. J'veux crier dans la rue, sur les toits, avec un porte-voix, à défaut, mettre mes mains en cône autour de ma bouche pour faire plus d'écho, pour que les gens le sachent. Dans le fond, j'sais qu'ils n'en ont rien à foutre.
    J'voudrais hurler, hurler que j'suis incapable de faire face, j'voudrais dénoncer tout ça, dénoncer cette merde qui me suit.

    Mais je sais ce que je risque. Et de toute façon, je n'ai rien. Aucune preuve. Aucun témoin. Aucun nom à balancer. Que dalle.
    Personne ne me croira.
    Tant pis.

    Poussière 4 - "La cruauté sous ma peau"


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